Marin Kasimir, résidence de septembre 1990 à juin 1991
Marin Kasimir est né en 1957 à Munich. Il vit et travaille à Bruxelles.
Le travail de Marin Kasimir se situe à la croisée de plusieurs pratiques et thématiques qui empruntent aussi bien à l'architecture qu'à la photographie, à la sculpture qu'à l'espace paysager, à l'urbanisme qu'au dessin, ou encore au théâtre, au cinéma, à la peinture et à la littérature. Ces différents médiums, de même que l'histoire culturelle et technique qui leur sont attachés, ne sont pas utilisés par Marin Kasimir pour eux-mêmes - bien que leurs caractéristiques plastiques et les matériaux soient pris en compte -, mais dans le but de proposer, entre autres, une critique de l'" espace public " à travers la mise en scène de la perception, en tant que cette perception visuelle et corporelle de ce qui nous entoure est constitutive des contextes sociaux, politiques, esthétiques, culturels, économiques de la réalité humaine. Assurément, les œuvres de Kasimir peuvent à cet égard être rapprochées des travaux de Dan Graham, de Jeff Wall, de Ludger Gerdes ou de Thomas Schütte. Elles s'ouvrent en effet, à des champs délaissés par la majorité de la production artistique actuelle - mais qui n'en restent pas moins fondamentaux - et que l'on a parfois qualifiés, à juste titre, de projets utopiques, dans l'acception première et positive du terme.
L'exposition à l'École des Beaux-Arts peut être appréhendée comme le complément de la commande publique qui sera présentée au même moment à Rennes. Car comme à son habitude depuis plusieurs années, Marin. Kasimir mélange volontairement des images prises au gré de ses voyages à travers l'Europe à d'autres réalisées dans la ville d'accueil, en l'occurrence Le Mans, durant cet été. Les images ainsi produites - à mi-chemin entre la photographie et le cinéma panoramiques -, sont une restitution de certains lieux de la ville où l'on voit réunies différentes époques, mais transposées en une seule vision. On trouvera également dans l'exposition de l'École de Beaux-Arts des images tournées au Musée d'Orsay à Paris, à Almere aux Pays-Bas, ou bien encore à Bruxelles. Ainsi différentes réalités socio-politiques, économiques, voire esthétiques dans leurs relations aux espaces urbains, sont mises en relation dans le même lieu afin de faire surgir métaphoriquement des connexions par les images, mais aussi de créer des liens entre des images qui doivent également se constituer comme des réalités à part entière.
Photos : Jean-Luc Terradillos